Les excellentes
éditions La Musardine ont récemment présenté un
roman à la fois érotique et historique : Elizabeth,
marquise déchue,
par
Louis
Clavel dont
c’est le premier roman. Du
coup, je n’ai absolument rien à dire sur lui ! Par contre,
voici le petit texte de présentation du roman :
1717.
Pour fuir un mariage arrangé et vivre auprès de l'homme qu'elle
aime, Elizabeth, jeune marquise anglaise, accepte de tout quitter et
de prendre le large depuis le port de Liverpool. Direction le Nouveau
Monde et la nouvelle vie qu'il promet.![]() |
Bateau de transport de passagers - XVIIIème siècle |
Mais le destin sépare les deux amants dès les premiers temps du voyage. Elizabeth et Mary, sa domestique et amie de toujours, embarquée à ses côtés, se retrouvent livrées à elles-mêmes dans la promiscuité libidineuse des croisières au long cours.
Lorgnées par les marins, effrayées par les esclaves enchaînés à fond de cale, menacées par les pirates qui écument les eaux chaudes des Caraïbes, les deux jeunes femmes doivent apprendre à survivre, avec au cœur cet infime mais tenace espoir : retrouver Timothy, l'amant disparu. Elles apprendront également, en chemin, que survivre a un prix. Le prix de l'innocence.
Innocence, innocence… Notre marquise n’en est pas tant que ça une bonne représentante, et Mary sa servante encore moins !
![]() |
Couverture (trompeuse) du roman |
Bien
plus qu’un roman historique, ce
premier roman très facile à lire brosse
des portraits hauts en couleur dans un univers hostile où chacun
fait son maximum pour sauver sa peau et
sait parfaitement restituer l’atmosphère des romans d’aventure
de
notre jeunesse… avec quelques épisodes interdits aux moins de 18
ans quand même !
L’héroïne
Elizabeth découvre la vie, avec tout ce qu’elle a de paradoxal, en
proie à des pulsions qu’elle n’aurait jamais connues si elle
n’avait été confrontée à l’adversité. Bien plus qu’un
récit érotique, ce roman questionne sur des sujets universels comme
la lutte des classes, le vivre-ensemble et les valeurs que peuvent
partager des personnes qui ne sont justement pas issues des mêmes
couches sociales, en plus d’une certaine authenticité du propos
qui n’enlève en rien la dimension divertissante du roman avec ses
retournements de situation et ses nombreux rebondissements.
Par contre, quelques imperfections entachent quand même le
propos de l’auteur, à commencer par quelques incohérences qui
montrent que la relecture du manuscrit n’a pas été opérée avec
assez de soin : par exemple Elizabeth et Mary partent avec un
simple (gros) sac qui devient des malles en arrivant à Plymouth pour
finir par une garde robe bien fournie sur le bateau.
Cela dit, d’une part une série de grosses malles peut suffire à remplir les placards d’un bateau pirate, et en tant qu’auteur je connais aussi ce vaste problème de relecture et de cohérence, alors je ne jetterai pas la pierre…
Cela dit, d’une part une série de grosses malles peut suffire à remplir les placards d’un bateau pirate, et en tant qu’auteur je connais aussi ce vaste problème de relecture et de cohérence, alors je ne jetterai pas la pierre…
Plus gênant pour un roman sur fond historique, on peut
relever quelques grosses erreurs. L’esclavage n’existait pas en
France, enfin pas sur le territoire européen de la France: tout
esclave qui en foulait le sol était automatiquement libre. Pour un
Breton, j’ai été très étonné par l’escale à Brest :
très très peu d’esclaves ont été embarqués du port de Brest.
Si encore on avait parlé de Lorient, ou « mieux », de
Nantes qui a réuni plus de 40 % du commerce triangulaire
français… D’ailleurs, cela constitue encore aujourd’hui une
des plus sérieuses fractures entre la ville et la Bretagne, un des
plus grands obstacles à son retour au sein d’une Bretagne
réunifiée, non seulement en raison de l’acte lui-même (après
tout Lorient et St Malo n’étaient pas non plus d’une moralité
exemplaire dans l’affaire…), mais aussi pour ce que cela a
entraîné comme mentalité parmi ses habitants, accusés par
beaucoup d’autres Bretons d’être devenus des nouveaux riches
arrogants, cupides, imbus d’une supériorité financière très
contestable, et s’occupant plus de leurs petits bénéfices égoïstes
que du devenir de la région et du bien commun breton. Et ça, en
Bretagne, ça ne passe pas. Mais c’est un autre débat !
Enfin, tout le début du roman nous parle de cette complicité
entre la marquise et Elizabeth et Mary, servante qui se révélera
habitée d’une sexualité intense. Si on sent bien à partir de
l’épisode du bateau pirate que leurs liens se distendent, mais
quand même, le reproche qu’on pourra faire à l’auteur est de ne
rien nous révéler sur le devenir de Mary à la fin de ce roman,
toute la conclusion étant uniquement axée sur Elizabeth. Un moyen
pour l’auteur de ménager les épisodes suivants ?
![]() |
Marquise début XVIIIème |
Et bien il n’en est guère question ! Mais de toutes façons sur ce blog, je fais ce que je veux !
J’ai toutefois pu vous dénicher un bref épisode où elle joue un rôle très érotique, semblant montrer que notre héroïne en apprécie vivement les effets, et vous allez pouvoir en profiter. Le voici, juste après une courte présentation du contexte :
Embarquée sur un navire avec Jean-Baptiste, le cousin français de son fiancé Thimoty, Elizabeth n’est pas insensible au charme de ce dernier. Mary, la servante s’éclipse souvent pour aller rejoindre à fond de cale les marins et les esclaves africains. Lasse de l’attendre, Elizabeth parvient à se glisser dans un endroit d’où elle peut observer la débauche de sa servante qui s’offre à un puissant esclave noir devant les marins rassemblés autour d’elle. Très excitée et rendue furieuse par la découverte des orgies sexuelles pratiquées par sa servante, Elizabeth se précipite dans la cabine de Jean-Baptiste et s’offre à lui. Ravi de l’aubaine qu’il espérait depuis longtemps, celui -ci ne se fait pas prier...
- Je vous marque, Lizzie, m’a-t-il murmuré à l’oreille… Sentez comme je vous marque.
Son sperme a jailli en d’innombrables jets. J’aurais juré qu’il déversait des litres dans mon sexe. Rendue folle par la situation, et la sensation de plénitude que m’offrait ce sexe gorgé de foutre, j’ai joui au même instant, secouée de soubresauts violents. J’ai hurlé mon bonheur.