Dans le monde vanille, lorsque l’on
parle de fessée, ce qui vient à l’esprit est la désormais
interdite (?) fessée punitive envers les enfants. Je ne prendrai
aucun parti sur le sujet ici.
Quelques adultes vanille évoquent
parfois des clubs spéciaux, comme le fit Pascal Dupraz, alors
entraîneur de l’équipe professionnelle d’Evian-Thonon-Gaillard
lors d’une conférence de presse restée célèbre* mais de
l’extérieur, le monde de la fessée semble bien limité. Or tous
ceux qui ont osé soit se renseigner sérieusement, soit se rendre de
l’autre côté du miroir, savent à quel point la fessée peut être
multiple, variée, protéiforme, au point où il peut être difficile
de s’y retrouver et où quelques auteurs ont esquissé un début de
classification afin d’y voir plus clair malgré des frontières
très floues.
Classification en fonction de la position de la personne fessée
(touchant les orteils, penchée en avant, touchant les orteils jambes jointes, agenouillée, sur le dos, sur les genoux, penchée à plat)
Classification en fonction de la position de la personne fessée et de l'instrument
(sur le lit -avec une ceinture ?-, en position d'être langé(e) -avec une badine ?-, sur les genoux -avec votre main ?-, contre un objet -avec un battoir ?- : de quelque façon que vous fessez, assurez-vous de la sécurité de votre partenaire)
Classifications en fonction de la position de la personne fessée, de l'instrument, du motif et des ajouts
(les formes de punition : sur les genoux, mains sur le sol, toucher vos orteils, à quatre pattes, genoux à la poitrine, lange;
fessée : main, règle, tawse, battoir, canne, autre (veuillez spécifier);
punition additionnelle : coin, savonnage de bouche, savonnage de derrière, récurage, lavement, figging -insertion d'un morceau de racine au gingembre pelée dans l'orifice anal ou vaginal causant une sensation de brûlure intense-, autre (veuillez spécifier),
raison de la fessée, remarques des autorités disciplinaires)
 |
Classifications
en fonction de l'intensité de couleur de la fessée : tableau de fessée,
vous avez été vilain(e) à quel point ?; trouvez la nuance parfaite pour
chaque fessée !; espiègle, mal élevé(e), vilain(e), mal comporté(e), mauvais(e), très mauvais(e), pour adultes consentants seulement) |
Après quelques lustres à pratiquer cette
passion, j’aimerais apporter ma modeste contribution. Pour ma part,
les différences fondamentales -si j’ose dire- ne résident pas
dans l’intensité ou dans l’instrumentation, mais dans l’objectif
de chaque fessée, étant bien entendu que là aussi les frontières
ne sont pas solidement établies et qu’une même fessée peut les
traverser et se targuer d’atteindre plusieurs de ces objectifs.
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(sensuelle, passionnée, aventureuse, vilaine, coquine) |
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Classification en fonction des objectifs de la fessée, en français et en anglais
Néanmoins, il me
semble que l’on peut distinguer 7 types principaux de
fessée :
- La fessée
de baptême : celle-là, elle n’a lieu qu’une fois !
Souvent très chargée en émotions, elle est celle qui peut tout
déclencher. En général, elle a été soigneusement préparée par
une discussion approfondie, mais tous les cas sont possibles, y
compris cette déculottée impromptue mais révélatrice qui va vous
pousser à votre grande surprise à vous débrouiller, après réflexion plus ou moins longue et compliquée, pour en
recevoir une autre !
Si elle a été préparée, la pratique
exige de prendre quelques précautions pour vous amener à vivre
complètement le fantasme, c’est pourquoi elle est souvent très
progressive, tant pour l’intensité que pour le déshabillage (pour
ma part, elle doit obligatoirement se terminer cul nu afin de faire
tester tous les aspects de la pratique), et elle démarre rarement
sans que les deux protagonistes se soient entendus sur des « mots
magiques » capables de la stopper à tout moment, voire de la
moduler au besoin.
C’est la fessée des précautions, de
l’incertitude, de l’initiation : dans l’absolu, il faut
qu’elle soit réussie, le but étant que les deux protagonistes
aient envie de continuer à pratiquer la discipline, c’est le cas
de le dire. Souvent, un débriefing soigné permet ensuite de passer
si besoin à la vitesse supérieure, ou d’accorder au mieux les
attentes des deux complices.
Par la suite, on peut retrouver des
émotions comparables, mais rarement aussi intenses, par d’autres
premières expériences : la première fessée avec instrument,
avec complète nudité, en public avec public initié, en public avec
public vanille, le dit public pouvant être à chaque fois plus ou
moins limité, la première où on renonce volontairement au « mot
magique » pour faire confiance à son fesseur, ce qui suppose
que la fessée va être conséquente et qu’elle fera mal, vraiment
mal, la première avec une demande d’aller si possible jusqu’aux
larmes, etc...
- La fessée sexuelle : celle qui pimente les préliminaires ou les ébats entre adultes consentants.
Jeux
de rôles bien établis ou initiatives spontanées, il s’agit ici de
renforcer l’excitation des partenaires avant ou pendant le coït, en se
basant sur le fait que -sauf blocage psychologique- les fesses sont une
zone fortement érogène, avec en prime la zone anale, et que l’afflux de
sang au niveau du bassin favorise la jouissance. Là encore ces dames
sont favorisées : il existe une liaison physique claire entre la masse
des fesses et le sexe, au point où la vulve peut s’ouvrir sans qu’on la
touche, rien qu’en tirant sur les fesses. La fessée permet donc
d’entretenir entre les lèvres sexuelles des déplacements, des
frottements aidant à l’excitation.
La nudité totale, souvent de
mise, peut participer à cette excitation, la pratique de la levrette et
de la sodomie aussi, avec ou sans strap-on. Rarement sévère, à moins de
lutter contre la frigidité ou l’impuissance, se limitant parfois à
quelques claques stimulantes, elle peut aussi être plus piquante et
participer grandement à la chaleur du moment.
Certains auteurs,
comme l’académicien Jacques Laurent, ont décrit la sensation acidulée
d’un cri d’orgasme qui mêle plaisir intense et douleur, en y ajoutant
parfois de la surprise. Les sondages la montrent plus souvent pratiquée
qu’on le dit, il doit y avoir des raisons...
 |
- Es-tu sûre que je doive claquer ton splendide arrière-train ? Ne devrais-je pas utiliser des gants en laine ou autre chose ? - Je suis sûre, mon doux ami. La douleur n'est-elle pas le but de tout ça ? |
- La fessée
sensuelle : celle qui distingue la gourmandise, à laquelle
elle veut appartenir, de la luxure, qui est l'apanage de la fessée sexuelle.
Bien entendu, une fessée est
forcément sensuelle, par le toucher obligatoirement, au moins celui
ressenti par les fesses, qui demeure même dans le cas d’une fessée
par instrument où les deux complices ne se touchent pas, mais aussi
par la vue -même la personne fessée peut aller admirer le
changement de couleur de son postérieur et l’étendue des dégâts,
selon l’expression consacrée-, et par l’ouïe -une fessée, ça
fait du bruit, un peu, beaucoup…-, soit trois des cinq sens
reconnus.
La particularité de la fessée sensuelle serait de se
suffire en principe à elle-même, en recherchant des satisfactions à
la fois sensuelles et cérébrales, rien que pour le plaisir de
s’exhiber (ou dans le rôle opposé pouvoir jouir d’un spectacle
peu commun), de braver les interdits sociaux et le politiquement
correct, de sentir des zones érogènes ciblées être stimulées, ou
pour avoir le privilège de les stimuler alors que les règles
habituelles de la vie sociale le prohibent, pour sentir son derrière
chauffer, sa chaleur pouvant se communiquer à d’autres organes,
surtout chez les dames (voir ci-dessus)...
Bref, la fessée sensuelle
est une fête à sensations. Mais en principe elle ne doit pas
déraper vers une fessée sexuelle de préliminaire, seul son
délicieux souvenir pouvant servir d’aiguillon à une jouissance
ultérieure. C’est la fessée du plaisir quand on ne veut pas
tromper son conjoint, qui peut par contre indirectement profiter
ensuite de l’excitation ressentie lors de la fessée... donnée par
un tiers, ou quand on aspire à une bonne déculottée sans vouloir
paraître en recherche d’une relation sexuelle. Cela peut donc
aussi être la fessée très conviviale d’un bon moment entre amis,
ou la fessée ludique qui ne se prend pas très au sérieux mais qui
procure quand même de bonnes sensations.
Mais une bonne fessée peut
échauffer les sens, et, entre adultes consentants, le risque de
basculer -c’est le cas de le dire- vers d’autres horizons n’est
pas à négliger : attention et rigueur sont requises si on veut
que cette fessée reste sensuelle et seulement sensuelle. La
catégorie englobe souvent celle de la fessée de baptême et peut
être à la fessée thérapeutique ce qu’un traitement de fond
homéopathique est à la médecine allopathique.

Une petite fessée entre amis ?
- La fessée
thérapeutique : oui, la fessée peut soigner !
Pas les
plaies du corps, bien sûr, mais quelques plaies de l’âme parfois…
Soyons clairs quand même : l’essentiel des vertus
thérapeutiques de la fessée réside dans cette capacité à
détendre la personne qui la reçoit, à éliminer le stress, à lui
permettre de s’exprimer dans le cadre d’une prise en charge
complète, sans les obligations des règles sociales habituelles, que
cette expression prenne la forme de gesticulations incontrôlées, de
« caprices », de cris ou de pleurs. Tout ceci est alors
permis, voire recommandé, contrairement à ce qui se passe dans la
« vraie » vie. La fessée peut être vécue comme un
espace de liberté. Comme certains massages, la fessée dénoue les
tensions, mais aussi peut faire remonter des émotions enfouies et
permettre des régressions.
La dimension psycho-thérapeutique peut
donc exister et elle commence à être reconnue et à afficher pignon
sur rue, en particulier aux U.S.A., mais aussi en Europe. Cela
nécessite attention et un minimum d’écoute et de compétence de
la part de la personne qui fesse…
A la fin de la fessée, les
récipiendaires doivent se sentir plus calmes, détendus, apaisés.
Si les fessées thérapeutiques n’ont pas forcément besoin d’une
très grande intensité, il est donc souvent nécessaire de les faire
durer, et de maintenir un rythme relativement régulier, afin de
faciliter le « lâcher-prise » si convoité. Mais
certaines personnes ont aussi besoin d’une intensité plus forte, voire très forte, et
moins régulière pour briser leurs résistances, et on peut se
rapprocher là de certaines fessées punitives ou expiatoires. De
même, la détente peut quelquefois favoriser l’éclosion inopinée
d’un orgasme… Ne vous excusez pas, ça peut arriver.
Sur un autre
plan, il faut aussi savoir que d’avoir dû affronter la fessée,
d’avoir osé aller jusqu’au bout de la démarche, peut contribuer
à rendre de l’assurance à qui en manque. Cela peut paraître
contre-intuitif, mais les personnes fessées sont souvent plus sûres
d’elles socialement, moins craintives sur leur destin qu’avant
d’avoir osé franchir le pas.
Enfin, il faut savoir que flanquer
une bonne fessée, acte capable quelquefois de rétablir une forme de
communication, peut aussi apaiser grandement les nerfs...

Qu'est-ce que la fessée thérapeutique ? La fessée thérapeutique est le type de fessée où le but est la libération des émotions à la place d'objectifs de préliminaire sexuel ou de punition.
Flanquer
une bonne fessée peut aussi apaiser grandement les nerfs...

Les attitudes problématiques nécessitent une thérapie comportementale
-
La fessée punitive : on se rapproche le plus de la
fessée infantile d’antan, c’est la fessée sanction.
Son
intensité varie énormément en fonction de la « faute »
et des attentes des récipiendaires. C’est à peu près la seule
qui peut éventuellement ne pas être administrée cul nu, mais le
déculottage en est une composante extrêmement importante, pouvant
être compris comme une sanction supplémentaire censée ajouter de
la honte au châtiment.
Au choix, les récipiendaires peuvent être
considérés comme adultes ayant fauté et méritant une fessée
d’autant plus humiliante, justement, qu’ils sont adultes, ou
peuvent avoir droit à une régression qui les emmènent de la petite
enfance jusqu’à l’adolescence en fonction de leurs fantasmes.
Pour certaines personnes, c'est aussi la fessée du souvenir, de la mémoire, mais cela tend à disparaître...
Bien entendu, on doit pouvoir reprocher quelque chose à la personne
fessée : en ce cas elle peut soit l’avouer « spontanément » lors d'un interrogatoire,
soit être prise en défaut par une personne qui aura autorité, qui n'est d’ailleurs pas
forcément celle qui infligera la punition.
En cas de
sentiment plus ou moins pesant de culpabilité, cette fessée peut
aussi avoir des vertus psycho-thérapeutiques et anti-stress. En cas
de faute très grave, de perturbation morale de la personne fessée, on peut entrer dans le champ de la fessée
expiatoire.

Qu'est-ce que la fessée punitive ? La fessée punitive est le type de fessée où la personne fessée, soit s'est mal comportée, soit a enfreint une règle à propos de laquelle les deux partis s'étaient mis d'accord pour qu'il en résulte une fessée.
Les fessées punitives sont les conséquences acceptées d'une action et elles sont suivies du pardon du fesseur (de la fesseuse) après avoir assumé les conséquences.
- La fessée
expiatoire : ou comment se délivrer de la culpabilité et
trouver un moyen de se faire pardonner.
Une fessée qui déplace le
point de vue de départ vers les récipiendaires. Contrairement à la
fessée punitive, qui se place du point de vue des règles d’une
société ou d’une autorité, la fessée expiatoire a une dimension
de morale personnelle : la personne fessée veut être punie ou
aspire à l’être car elle estime quelque part avoir failli. Son
but : retrouver une harmonie psychologique, éventuellement en
rapport avec des codes moraux, certes sociaux par essence, mais
qu’elle s’impose plus qu’ils ne viennent s’imposer à elle.
La fessée expiatoire est un besoin qui peut aller jusqu’au
mysticisme, ou jusqu’à la notion de bouc émissaire où une
personne demande à payer pour des fautes collectives dont elle se
charge. Et plus le châtiment est rude, ou humiliant, et en ce cas il
peut être public, encore plus « facilement » que pour
les autres fessées, plus la personne fessée a l’impression de
racheter les péchés ou les fautes dont elle est chargée, et qui sont presque
toujours d’une extrême gravité, au moins à ses yeux.
On peut
donc facilement aller vers le SM avec cette fessée dont il ne faut
jamais sous-estimer la dimension morale ou spirituelle. On peut aussi
rester dans le champ de la fessée punitive, surtout si un accord sur
le rachat se fait jour entre personne qui fesse et personne fessée,
ou dans le champ de la fessée thérapeutique aidant à donner le
courage de poursuivre un chemin, l’âme allégée, si la
culpabilité forme un fardeau trop lourd à supporter pour les
coupables auto-déclarés, que leur culpabilité soit réelle -bien
évaluée ou exagérée- ou fictive.
Certains psychologues affirment
qu’en fait toute fessée a une dimension expiatoire dans le sens où
tout humain se sent coupable de quelque chose. Il faudrait les
confronter avec les adeptes de la fessée sensuelle : pas sûr
que l’accord se fasse...
 |
S'il te plaît, punis-moi ! (avec une belle faute d'orthographe !) |
 |
J'ai été une vilaine fille et j'ai besoin d'être fessée | | |
 |
Mon cœur, j'ai été vilaine... |
- La fessée de
maintenance : la piqûre de rappel, ou le garde-fou.
Elle
peut tout aussi bien être administrée de façon autoritaire que
réclamée par les récipiendaires. Nul besoin de prétexte, au
contraire même : il n’en faut absolument aucun ! Mais
elle nécessite une dimension temporelle : elle ne peut avoir
lieu que si la personne fessée ne l’a pas été depuis quelques
temps, à définir d’ailleurs en fonction de la fréquence
habituelle des châtiments.
Cette fessée « gratuite »
rappelle aux récipiendaires leur condition, et se charge en principe
de leur faire se souvenir, ou leur donne juste un avant-goût, de ce
qui les attend en cas de dérapage. Elle va bien sûr souvent de pair
avec la fessée punitive. Certaines personnes fessées avouent en
ressentir le besoin pour éviter d’aller faire des bêtises ou de
laisser leur comportement se dégrader, voire pour sentir qu’on ne
les néglige pas, qu’on continue bien de s’occuper d’elles,
d’autres subissent juste le bon vouloir de l’autorité qui les
fesse habituellement et s’y plient bon gré mal gré, sans avoir eu
l’impression d’avoir mérité quoi que ce soit. C’est comme ça…
Comme une pluie d’orage qui s’abat au plus fort d’un été
ensoleillé, ou un signe du destin.
Cette fessée nécessite aussi
une relation suivie, car elle n’a clairement aucun sens en cas de
relation occasionnelle.
 |
Une fessée est toujours nécessaire | |
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Une petite fessée chaque soir... va conserver ces muscles fessiers bien serrés |
A la lumière de
cette classification, artificielle et critiquable comme toutes les
classifications (on peut penser qu'il y manque la fessée rituelle,
comme la fessée d'anniversaire qui semble fort prisée des Anglo-saxons,
tout comme la fessée d'admission dans des corporations estudiantines),
mais bien pratique quand même, on peut examiner à
titre d’exemple la fessée de l’article précédent (Les délices
de Turquie). On verra rien qu'avec cet exemple à quel point il peut être
difficile de classifier les fessées.
 |
Joyeux anniversaire ! |
Au départ, nulle
action répréhensible, nulle envie exprimée, pas de maintenance non
plus, puisque la fessée n’est semble-t-il pas dans les pratiques
habituelles du couple : on ne parierait pas lorsqu'Olga commence à perdre les pédales que l’aventure
puisse se terminer en retentissante déculottée. Mais alors comment
en arrive-t-on à une fessée cul nu telle que « sa
peau fût rouge et boursouflée et que sa croupe eût un aspect
appétissant » ?
Tout
provient d’une réaction nerveuse de la part de l’héroïne à
la suite de la mort d’un moineau. Comme elle n’arrive pas à
s’arrêter de « pleurer hystériquement », c’est
elle-même qui propose à l’auteur de « lui flanquer une
dégelée ». Ce qui lui vaut aussitôt « quelques claques
sur ses joues humides » qu’elle ne fait rien pour éviter,
mais le remède (vous me voyez venir?) n’a pas les effets
escomptés. C’est alors, et seulement alors, que l’auteur se
décide à passer à la vitesse supérieure.
N’oublions
pas que nous sommes dans les années 60 (le livre est publié en 1969
en
version originale)
et qu’Olga est une jeune femme, autant dire une gamine aux yeux
d’un homme mûr qui a alors passé la quarantaine. Dans
les années 60, surtout en privé comme c’est le cas ici, une jeune
fille ou une jeune femme n’est pas à l’abri d’une bonne fessée
de
la part d’un homme ou d’une femme qui a l’âge d’être un de
ses parents ou qui a une forme d’autorité sur elle.
En revanche, le fait que les personnages soient amants et que cela se
déroule dans leur appartement, sans témoin visuel,
vaut sans doute à Olga d’avoir directement sa robe retroussée et
sa culotte baissée. Elle
se laisse d’ailleurs faire avec une certaine complaisance comme si
elle avait cherché à recevoir cette fessée, comme si elle en avait
eu besoin et elle
ne
se débat visiblement pas.
Pourtant,
« des taloches retentissantes sur les fesses. Jusqu'à ce que
sa peau fût rouge et boursouflée et que sa croupe eût un aspect
appétissant », elle a dû les sentir passer ! D’ailleurs
l’auteur
parle aussi pendant l’amour de « sa croupe en feu », ce
qui confirme que la fessée n’était pas pour rire ! Olga
s’en est pris une vraie, et une bonne !

L’auteur
ne dit presque
rien sur l’état d’Olga à la fin de la fessée : on ne sait
pas si ses pleurs hystériques ont changé de nature, si son action a vraiment porté ses fruits. Il
mentionne juste que, pendant le coït, Olga a le « souffle
entrecoupé de sanglots ». L’enchaînement
du texte semble toutefois
montrer
qu’il n’a eu aucun mal à la pénétrer, alors
qu’elle sanglote encore, comme
si la fessée avait mis Olga dans d’excellentes dispositions pour
faire l’amour !
Est-ce
ce qu’elle recherchait en demandant à son amant dominateur de
« lui flanquer une dégelée » ? Il
est en effet possible, vu le personnage, qu’Olga ait une
connaissance confuse ou explicite des conséquences sur sa
physiologie que peut avoir la fessée, l’ayant probablement déjà
vécue pubère avec sa mère.
L’auteur
ne mentionne aussi aucune résistance quant au retournement d’Olga
puisque celle-ci se retrouve sur le dos pour être pénétrée alors
qu’elle a reçu sa fessée sur le ventre : Olga s’est
laissée faire, et a peut-être participé au fait que la culotte,
simplement baissée au début (jusqu’où?), ne soit pas un obstacle
au coït.
Enfin,
l’auteur tient à décrire le violent orgasme d’Olga qui entre
« en pâmoison en poussant des hurlements de bête si bruyants
que je m'imaginais qu'ils couvraient la solennelle voix commémorative
dans la rue ». Mazette,
quel orgasme ! Il doit faire envie à certaines…
On
sait que l’afflux de sang au niveau du bassin, comme le provoque la
fessée, facilite l’orgasme, voire l’amplifie. À l’évidence,
Olga en a bien profité et elle démontre une fois de plus que,
contrairement à ce que voudraient nous faire croire la morale
ambiante et le politiquement correct, une bonne fessée sur une
adulte a des effets plus que bénéfiques sur sa santé sexuelle.
Les
fenêtres de
la pièce sont
ouvertes, et il semblerait que tout le quartier ait aussi profité du
film sonore de la fessée ! Mais cela ne pose aucun problème à
Olga : ceux qui iront lire la suite du roman constateront qu’une
fois
remis de leur orgasme les
deux personnages iront se rapprocher de la fenêtre, le bas du corps
complètement nu, « fente
et pine barbouillées de sperme », pour observer de
leur étage
les personnes attardées sur place après l’enterrement du
moineau !
Finalement Olga semble dans
le livre tout
à fait ravie
d’avoir reçu cette cuisante fessée. Serait-elle
prête à recommencer à l’occasion ?
En tous cas, cette
fessée montre le pouvoir érotique considérable de la fessée, de
l’effet qu’un cul tout rouge et bien chaud (« sa
croupe en feu »)
peut faire à la fois sur sa
propriétaire, qui en a visiblement joui comme une folle, et sur son
amant, que cette vision colorée a clairement stimulé (« sa
croupe eût un aspect appétissant »).
Cette croupe a-t-elle un aspect appétissant ?
Et celle-ci ?
Maintenant,
qu’en est-il par rapport à la classification proposée ?
Si
cette fessée s’est visiblement terminée comme une fessée
sexuelle,
préliminaire
aux
effets évidents et
considérables au vu de la violence de l’orgasme d’Olga,
elle a
commencé plutôt comme une
fessée
thérapeutique destinée
à faire passer à Olga
sa
crise de larmes (« je
n'avais qu'à lui flanquer une dégelée. Alors ça lui
passerait. »), lui
procurant ainsi un apaisement nerveux qui lui échappe, et
même par une fessée
expiatoire
puisqu’Olga demande quelque part à être châtiée. Le
remède
commence d’ailleurs par des claques sur les joues avant d’évoluer
vers la fessée culotte baissée. Olga se rend compte que sa crise
gêne son partenaire, elle s’en sent fautive, à défaut de s’en
sentir coupable, et après
avoir ouvert à son partenaire la possibilité de
« lui flanquer une dégelée »,
il est probable qu’elle cherche à en expier la faute, ne cherchant
à aucun moment à éviter ni à arrêter le châtiment qui s’abat
sur sa jeune croupe qu’elle
offre en holocauste à l’exaspération de son amant.

Et celle-là ?
On
peut penser aussi que du côté de l’auteur, la fessée
thérapeutique se mêle de fessée
punitive
puisque « la
musique » d’Olga l’importune et qu’il lui demande en vain
de l’arrêter. Olga
ne semble pas capable de lui obéir, ni même de faire l’effort
d’essayer.
Fort
de l’acceptation, voire même de la demande de
son amante,
le narrateur va donc commencer à la corriger avant de se lâcher et
de lui administrer cette retentissante déculottée qui sonne quand
même un peu aussi comme une sanction. La fessée n'a pas qu'une dimension thérapeutique pour Olga : elle permet
aussi à l'auteur de passer ses nerfs sur la croupe dénudée
de sa partenaire.
L’expérience l’excite visiblement : outre
le fait qu’il en profite pour lui baisser directement la culotte,
il
insiste sur le fait que le derrière d’Olga a reçu son dû
directement sur l’épiderme (« cul nu dans les orties »)
et il ne cache pas son plaisir de glisser ses mains « sous sa
croupe en feu ». Il ne faut pas oublier que ces années d'après-guerre
restent très pudibondes, même aux Pays-Bas, et que l'occasion pour des
yeux masculins adultes de voir un derrière féminin nu est assez rare, et
encore plus pour les mineurs !, même au sein de couples mariés : on
éteint encore la lumière au moment du coït ! La fessée est donc un bon
prétexte, si ce n'est le seul, pour jouir du spectacle. Je ne saurais
ici jeter la pierre aux fesseurs...
Tel qu’on le voit là, si Olga lui en
redonne l’occasion, je ne pense pas que le narrateur se fasse prier pour
reprendre le rôle du fesseur qui prend plaisir au
passage à
déculotter sa victime.
La fessée est donc un monde complexe et changeant où beaucoup de
facteurs interviennent et où il est souvent difficile de marquer des
limites très affirmées, voire même d’offrir une typologie claire
et fiable de son territoire. On voit donc à quel point, par
méconnaissance quelquefois volontaire, le monde vanille passe à
côté d’une diversité, d’une richesse considérables.
Cette
ignorance mêlée d’ostracisme auréolé de scandale peut expliquer
pourquoi la fessée entre adultes continue à véhiculer un parfum de
soufre malgré le succès d’ouvrages comme « 50 nuances »,
pourquoi elle peine énormément à « être
reconnue à la fois comme un adjuvant sain à la sexualité, quand
elle y est intégrée, et comme une pratique bénéfique quand elle
est pratiquée hors sexualité active soit contre le stress, soit
pour le plaisir de la découverte de sensations nouvelles, soit comme
action soulageante, voire thérapeutique sur le plan psychique »
comme
je le précisais dans mon article du
8
août 2017 sur les jeux sexuels.
Alors,
quelles sont vos préférences en matière de fessée ? La
classification que je vous fournis, même imparfaite, vous
semble-t-elle adaptée à décrire son univers ou au moins à en comprendre les arcanes ?
Une
amie blogueuse de longue date,
qui, dans un autre article, parle elle-même de « motif,
la fameuse faute résulte d'une fausse morale qui me fait croire que
je mérite une punition », confiait
que : « En lisant depuis des longues années tous ce qui
se rapporte à la fessée, il me semble que le nombre des dames qui
parlent de la fessée expiatoire ne cesse d'augmenter. » Qui
en parlent… Mais dans les actes ? En tous cas la piste semble
intéressante. La
réflexion est lancée, le débat aussi.
En
attendant, je donne tout à fait raison à cette amie : corriger
cul nu une vilaine fille s’inscrit parmi les plus grands plaisirs qui
existent.
* :
En août 2014, suite à une lourde défaite 6-2 à Rennes, et avant
de recevoir le PSG, Pascal Dupraz avait déclaré : « Ce que
j’attends contre le Paris Saint-Germain, c’est qu’on soit plus
velléitaires (sic!) que ce soir sur le plan défensif. C’est tout,
c’est la base du football, on ne peut pas faire autrement, sinon,
on va prendre des fessées, et personnellement, les fessées, ça ne
me plaît pas trop. Peut-être que certaines personnes s’en
réjouissent, de prendre des fessées, pas moi ! Il y a des boîtes
spécialisées pour ça, mais moi je n’y vais pas dans ces
boîtes-là. »
Par un curieux effet du hasard, à l’heure où
j’écris ces lignes Pascal Dupraz est l’entraîneur du Toulouse
Football Club, TFC, aussi appelé le « TéFéCé ». Tiens
donc...