vendredi 4 mai 2018

La culotte de feuilles (Jacques Serguine, 1992)

Jacques Serguine est un auteur que tout adepte ou personne curieuse de la fessée se doit d’avoir exploré. Personnellement, je ne trouve pas que son Éloge de la fessée, essai de démonstration quasi-philosophique, soit vraiment celui de ses ouvrages par lequel il faut commencer en raison de son style volontairement précis et détaché, mais assez alambiqué. Non, si vous voulez des émotions, des situations insolites, allez plutôt explorer ses romans : ceux que je vous cite ci-dessous devraient vous fournir de multiples occasions de vous réjouir.

Jacques Serguine


Né en 1934 à Neuilly, Jacques Serguine, nom de plume de Jacques Gouzerh, est remarqué très jeune par Jean Paulhan qui publie ses premiers textes dans La Nouvelle Revue française. En 1959, son premier roman, Les Fils de Rois, inaugure la collection Le Chemin (Gallimard), et rate d'une voix le Prix Médicis, derrière Claude Mauriac.
Assimilé au mouvement littéraire des Hussards (mouvement littéraire français des années 1950 et 1960 proclamant que « l'art pour l'art est un appel stérile à la liberté », qui s'opposa à l'existentialisme sartrien alors tout-puissant, qui portait l'amour du style et l'impertinence en étendard, et dont le noyau dur du mouvement compte Antoine Blandin, Michel Déon, Jacques Laurent (autre adepte notoire de la fessée sous le pseudonyme de Cécil Saint-Laurent, dont je vous ai déjà parlé dans ce blog) et, pour chef de file, Roger Nimier, dont le roman Le Hussard Bleu a donné son nom au mouvement), il déclinera l'invitation par convictions politiques.
Son quatrième roman Mano l'Archange, bien qu'unanimement salué par la critique, se voit interdit à la vente pour "atteinte aux bonnes mœurs".
Il est par ailleurs l'auteur du scénario original du film La Fiancée du Pirate de Nelly Caplan, avec Bernadette Laffont.

 Affiche du film "La Fiancée du Pirate"

En marge d'une œuvre littéraire remarquée et consacrée à l'aspect sensuel des rapports humains, Jacques Serguine est aussi l'auteur des célèbres Cruelle Zélande (1978) et Éloge de la fessée (1973) dont on a pu dire qu'il a donné des lettres de noblesse à cette fantaisie érotique, mise en avant dans d’ autres ouvrages comme Délit du corps (1998), L'Été des jeunes filles (2006), avec son deuxième volet L'Attendrisseur (2007), et La Culotte de feuilles (1992) dont je vous présente ici un extrait qui se situe en amont des principaux épisodes du roman (les aventures et mésaventures d’une jeune femme est débarquée sur une île tropicale pour cause d'excès de sensualité!) dont voici un résumé :

Débarquée sur une île prétendue déserte, la jeune Sandra découvre, sous les nuits chaudes des tropiques, l'ivresse des sens. Paresse, indolence, volupté, les sensations s'effeuillent au gré du désir et des caresses, avec des partenaires étranges, complaisants, dominateurs. D'une innocente perversité, en simple tenue d'Eve, l'héroïne se livre, s'abandonne à des ébats torrides et s'invente de nouvelles jouissances. Érotique et exotique, une invitation au plaisir...

Mouais… Ce que je peux vous mentionner, c’est que l’ivresse des sens prendra souvent pour Sandra la physionomie d’une bonne fessée cul nu ! La particularité de cette jeune personne est que la fessée, si elle est poursuivie assez longuement, la conduit immanquablement à l’orgasme, quelque soit son opposition mentale, la cuisson dont souffre son postérieur ou la quantité de larmes versée, particularité dont l’extrait présenté ici se fait l’écho.
Bonne lecture !

La couverture de l'ouvrage original (1992)

La culotte de feuilles

(L'amant)

Et moi j'avais aussi un con d'amant, il y a déjà longtemps, qui adorait me fesser. Mais jamais quand, par exemple, on était nu, sur le point ou plus ou moins en train de faire l'amour, de sorte que cela aurait été un jeu parmi d'autres. Non, trop simple, je suppose. Avec lui, il fallait se trouver déjà devant la porte du palier, on sortait pour aller chez des amis, ou voir un film ou découvrir un nouveau restaurant. Je m'étais faite toute belle, comme une dame qui serait une jeune fille, avec, par exemple encore, mon chemisier en soie sans manches, des dessous de soie, une minijupe en velours, et les craquantes petites bottes en cuir noir qu'on portait à ce moment-là. Et d'un seul coup :
- Attends...
Il m'attrapait par le coude, se laissait choir sur le premier siège venu et me couchait sur ses genoux. Ça me mettait dans une telle fureur, que je hurlais, me tortillais comme une anguille pour arriver à me redresser. J'aurais voulu le tuer, justement parce que j'étais si belle et si... digne. Mais il me maintenait sans peine, par les muscles il était le plus fort, sinon par sa cervelle de crétin. Alors voici ce que je veux raconter. C'est qu'à la seconde même où il m'avait remonté ma minuscule jupe au-dessus des reins, à l'instant surtout où il m'avait épluchée de ma culotte, qu'il descendait sur les cuisses, je cessais de bouger, fût-ce d'un millimètre, ne proférais plus un mot ni un son. Comme si... je n'en avais plus envie. Il me fessait à m'en faire pleurer à chaudes larmes, à me mettre le derrière en éruption, et moi, j'acceptais ça, on aurait dit que je trouvais ça bien. Je ne peux pas l'expliquer vraiment. On aurait dit qu'à partir du moment où, moi qui étais une jeune fille très élégante et très sexy, une dame en un sens, il m'avait déculottée, mis le derrière comme à un bébé, alors j'étais un bébé. On donne leur fessée aux bébés, et eux la reçoivent et n'ont pas voix au chapitre et c'est tout. Il y a une autre vérité, qui est que pour eux, les bébés, cela semble terriblement protégeant et rassurant d'être fessé. On a toujours mérité une fessée, de façon ou d'autre, et que l'on vous l'administre légitime l'ensemble de l'existence, et confirme dans la plus chaleureuse intimité l'équilibre général du monde.
Moi, je devais avoir le cul à peu près de la couleur des cerises, et, cela va de soi, quoique j'aurais préféré crever que de l'avouer à l'époque, je jutais comme une laide. Alors mon crétin me remontait ma culotte, une admirable, toute propre, que je venais juste de choisir et de passer :
- On y va ?
C'était vraiment un con, et même pas très bon baiseur, trop expéditif, trop personnel. Mais pour le reste, pour ça, je lui étais attachée. Au fond le sentiment d'être un bébé est merveilleux, quand justement on n'en est pas un. On arrivait chez ces amis ou ailleurs, et tout en jouant à la dame, en bavassant de tout et de rien, j'avais cette conscience très secrète et bouleversante d'appartenir à quelqu'un, d'être, par là, quelqu'un moi aussi, contrairement à ce que l'on dit de la dépendance. Le derrière me cuisait encore, ma petite culotte était toute poisseuse et, par moments, de lents spasmes me faisaient onduler la matrice. J'existais, j'étais liée à quelqu'un qui de façon partielle et partiale, détournée si l'on veut mais très réelle, me connaissait.


La couverture du format poche (1994)
Mesdames, ou messieurs, c'est le moment de témoigner : la fessée vous fait-elle régresser à l'état de bébé ? Pour vous, est-il terriblement protégeant et rassurant d'être fessé(e) ? Et à l'instant on vous épluche de votre culotte, descendue sur les cuisses, cessez-vous de bouger ? Et mesdames, avez-vous été assez longuement fessée pour "juter comme une laide", si toutefois vous ne préférez pas crever que de l'avouer ?

J'aimerais dédier cet article à une adepte de la fessée dont, si on la croit, l'entrejambe ne reste pas indifférente à la pratique, mais qui a dû subir trop longtemps un "con d'amant" à "la cervelle de crétin", "un con, et même pas très bon baiseur" qui a failli la dégoûter de la pratique. Elle se reconnaîtra. En attendant de pouvoir la rencontrer un jour, je lui souhaite de beaux rêves...

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