Vous ne l’attendiez peut-être pas là…
Poète surréaliste (adhésion au mouvement en 1924… exclusion en 1930!), Satrape du Collège de Pataphysique (1950), élu à l'Académie Goncourt (1951), cofondateur du groupe littéraire Oulipo (1960), et fervent amoureux des… sciences, Raymond Queneau naquit au Havre le 21 février 1903.
Poète surréaliste (adhésion au mouvement en 1924… exclusion en 1930!), Satrape du Collège de Pataphysique (1950), élu à l'Académie Goncourt (1951), cofondateur du groupe littéraire Oulipo (1960), et fervent amoureux des… sciences, Raymond Queneau naquit au Havre le 21 février 1903.
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Raymond Queneau Satrape par Jean-Max Albert |
Il a écrit Les Œuvres complètes de Sally Mara. "On est
toujours trop bon avec les femmes" parut en 1947 sous la signature de
Sally Mara. Ce récit burlesque et un peu salace d'une insurrection
irlandaise fut suivi d'un second ouvrage, en 1950, le Journal intime de
Sally Mara.
Mais les mystifications littéraires n'ayant qu'un temps, on
publia très vite, en 1962, Les Œuvres complètes de Sally Mara sous la
signature de Raymond Queneau.
Il est décédé le 25 octobre 1976 à Paris d’un cancer du poumon : le tabac avait une fois de plus pris son tribut.
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Sally MARA. ON EST TOUJOURS TROP BON AVEC LES FEMMES. Éditions du Scorpion 1947 |
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Raymond QUENEAU. ON EST TOUJOURS TROP BON AVEC LES FEMMES. Éditions Gallimard 1981 |
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Sally MARA. JOURNAL INTIME. Éditions du Scorpion 1950 |
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Édition de 1979 |
Il est décédé le 25 octobre 1976 à Paris d’un cancer du poumon : le tabac avait une fois de plus pris son tribut.
Sally, de modeste famille, habite Dublin. Son père est
parti un soir acheter des allumettes, il n'est jamais revenu. La mère
prépare des harengs au gingembre et de la tarte aux algues. Le frère
boit du ouisqui. Sa sœur Mary Mara veut devenir demoiselle des Postes.
Sally apprend le français avec Michel Presle — son professeur — et le
gaëlique avec un poète du nom de Padraic Baoghal. Le gaëlique est une
langue difficile : « Is an deacair an teanga an Gaedhilig ... »
Il est clair à la lecture de cet ouvrage que Raymond Queneau fut un fesseur fervent, très conscient de la contribution de la fessée tant à la "spiritualité" de la gent féminine fessée qu'à celle de leurs fesseurs.
Je vous livre là quelques extraits du "Journal intime de Sally Mara"
Il est clair à la lecture de cet ouvrage que Raymond Queneau fut un fesseur fervent, très conscient de la contribution de la fessée tant à la "spiritualité" de la gent féminine fessée qu'à celle de leurs fesseurs.
Je vous livre là quelques extraits du "Journal intime de Sally Mara"
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Édition de 1979 (aussi!) |
1934- 28 août
[…]
- Petite effrontée, s’écria le tonton, insulter ma sœur !
Il avait l’air vraiment indigné. Pourtant tout le monde sait que maman est plutôt débile du citron.
- Tiens biquette, m’ordonna le tonton.
Je pris le licol, et le tonton, prenant Mary sous son bras lui appliqua six claques sur le tutu. Puis il la laisse aller. Il va reprendre le licol. Mais il se ravise. Il saisit de nouveau ma sœur et lui dégèle de nouveau le bas des reins. Mary, libérée, reste en arrière. Elle boude. Elle a l’air toute chose. Le tonton qui a repris le licol, aussi. Je l’examine du coin de l’œil des pieds à la tête. Vers le milieu du corps, je constate que sa spiritualité se manifeste à tel point que, pour sûr, il pourrait s’en servir pour trique pour biquette. Qui bêle tout le temps et semble s’énerver. La ferme au bouc est au coin de la route. On marche en silence.
- Allons, dit enfin le tonton, fais pas cette tête-là, Mary.
Ça ne nous était pas arrivé, ni à l’une, ni à l’autre, depuis le départ de papa, il y a dix ans. Joël a bien quelquefois essayé, mais il était le moins fort et on lui foutait une bonne raclée à nous deux. Une vraie lavette, le frangin ! Mais je me souvenais bien de celles que me donnait le fazeur. Il était solennel et méthodique. Relever sa manche, baisser mon pantalon, me coucher sur ses genoux, tout ça prenait du temps. C’était une vraie messe pour lui, une communion. Et la vache, quel battoir il avait. Mais moi, je n’étais pas humiliée du tout. Punie encore moins. J’avais un grand sentiment de triomphe. Je trouvais que c’était lui qui s’abaissait en s’intéressant avec tant d’obstination à la partie de mon corps qui n’était pour moi que celle sur laquelle je m’asseyais. Je me considérais comme une reine, et lui n’était que l’esclave de mon derrière, une simple chaise à claques. Quand c’était terminé, je remettais mon pantalon sans un pleur (quelquefois si, tout de même, quand il m’avait fait trop mal), et je m’en allais, digne et satisfaite, car, après tout, j’aime avoir chaud aux fesses. […]
1935- 30 janvier
[…]
Quelques secondes plus tard, je me retrouvai donc sur les genoux de mon père, la jupe retroussée, le slip baissé, en train de recevoir une énergique fessée. Je commençai tout d’abord par réfléchir sur la vanité des choses de ce monde, les hauts et les bas de l’existence, la bonne et la mauvaise fortune, puis, la chaleur fondamentale aidant, j’en vins à penser à la reproduction des espèces végétales et animales, à la confection des vêtements d’homme en général et des brayettes en particulier, à la rosée des menhirs, à la barbe des boucs, à l’obscurité des salles de cinéma. Je commençai à délirer et, comme papa s’acharnait à rendre écarlate l’ample surface que j’avais l’honneur de mettre sous ses yeux, je sombrai dans une félicité singulière bien que j’essayasse de me raccrocher comme une bouée à ces paroles : « Tiens bon la rampe… Tiens bon la rampe… »
[…]
- Petite effrontée, s’écria le tonton, insulter ma sœur !
Il avait l’air vraiment indigné. Pourtant tout le monde sait que maman est plutôt débile du citron.
- Tiens biquette, m’ordonna le tonton.
Je pris le licol, et le tonton, prenant Mary sous son bras lui appliqua six claques sur le tutu. Puis il la laisse aller. Il va reprendre le licol. Mais il se ravise. Il saisit de nouveau ma sœur et lui dégèle de nouveau le bas des reins. Mary, libérée, reste en arrière. Elle boude. Elle a l’air toute chose. Le tonton qui a repris le licol, aussi. Je l’examine du coin de l’œil des pieds à la tête. Vers le milieu du corps, je constate que sa spiritualité se manifeste à tel point que, pour sûr, il pourrait s’en servir pour trique pour biquette. Qui bêle tout le temps et semble s’énerver. La ferme au bouc est au coin de la route. On marche en silence.
- Allons, dit enfin le tonton, fais pas cette tête-là, Mary.
Ça ne nous était pas arrivé, ni à l’une, ni à l’autre, depuis le départ de papa, il y a dix ans. Joël a bien quelquefois essayé, mais il était le moins fort et on lui foutait une bonne raclée à nous deux. Une vraie lavette, le frangin ! Mais je me souvenais bien de celles que me donnait le fazeur. Il était solennel et méthodique. Relever sa manche, baisser mon pantalon, me coucher sur ses genoux, tout ça prenait du temps. C’était une vraie messe pour lui, une communion. Et la vache, quel battoir il avait. Mais moi, je n’étais pas humiliée du tout. Punie encore moins. J’avais un grand sentiment de triomphe. Je trouvais que c’était lui qui s’abaissait en s’intéressant avec tant d’obstination à la partie de mon corps qui n’était pour moi que celle sur laquelle je m’asseyais. Je me considérais comme une reine, et lui n’était que l’esclave de mon derrière, une simple chaise à claques. Quand c’était terminé, je remettais mon pantalon sans un pleur (quelquefois si, tout de même, quand il m’avait fait trop mal), et je m’en allais, digne et satisfaite, car, après tout, j’aime avoir chaud aux fesses. […]
1935- 30 janvier
[…]
Quelques secondes plus tard, je me retrouvai donc sur les genoux de mon père, la jupe retroussée, le slip baissé, en train de recevoir une énergique fessée. Je commençai tout d’abord par réfléchir sur la vanité des choses de ce monde, les hauts et les bas de l’existence, la bonne et la mauvaise fortune, puis, la chaleur fondamentale aidant, j’en vins à penser à la reproduction des espèces végétales et animales, à la confection des vêtements d’homme en général et des brayettes en particulier, à la rosée des menhirs, à la barbe des boucs, à l’obscurité des salles de cinéma. Je commençai à délirer et, comme papa s’acharnait à rendre écarlate l’ample surface que j’avais l’honneur de mettre sous ses yeux, je sombrai dans une félicité singulière bien que j’essayasse de me raccrocher comme une bouée à ces paroles : « Tiens bon la rampe… Tiens bon la rampe… »
1935- 3 février
Comme il ne peut rien faire avec moi, il est retombé sur Mary.
Il y avait du merlan à déjeuner. Mary a eu la fantaisie de mettre un peu de sel dessus (d’habitude nous mettons du sucre, à l’anglaise). Ça a mis papa en fureur, il s’est jeté sur elle et l’a sévèrement corrigée. J’ai regardé attentivement ; ce qui est le plus intéressant, c’est d’observer les changements de couleur de la peau. C’est curieux de voir comme un derrière qui est en général très blanc, presque opalin (je parle pour moi et pour Mary) peut devenir aussi écrevisse qu’une tomate. Ce qui est étrange aussi, c’est de voir la tête que fait la personne fessée. Elle en avait un drôle d’air, Mary. Je me demande si j’avais le même minois, l’autre jour, quand c’est moi qui y étais passée. […]
1935- 13 février
Profitant de mon absence, papa s’est jeté sur Mary parce que la veille elle avait mis trop de confiture sur sa truite, et il l’a tellement assaisonnée qu’elle peut à peine s’asseoir.
Elle enrage.
Raymond Queneau. Les Œuvres complètes de Sally Mara. Collection Blanche, Gallimard. 24-02-1962 |
"Je m’en allais, digne et satisfaite, car, après tout, j’aime avoir chaud aux fesses.", annonce l'héroïne.
Et vous mesdames, messieurs, connaissez-vous cette satisfaction après la fessée ? Aimez-vous avoir chaud aux fesses ? Trouvez-vous étrange la tête que fait la personne fessée ? Ou intéressant les changements de couleur de la peau ?
Et surtout sombrez-vous dans une félicité singulière pendant que vous recevez une bonne déculottée ? N'hésitez pas à témoigner !