lundi 27 août 2018

Les oeuvres complètes de Sally Mara (Raymond Queneau)

Les œuvres complètes de Sally Mara (Raymond Queneau)


Vous ne l’attendiez peut-être pas là…
Poète surréaliste (adhésion au mouvement en 1924… exclusion en 1930!), Satrape du Collège de Pataphysique (1950), élu à l'Académie Goncourt (1951), cofondateur du groupe littéraire Oulipo (1960), et fervent amoureux des… sciences, Raymond Queneau naquit au Havre le 21 février 1903. 



Raymond Queneau Satrape par Jean-Max Albert



Il a écrit Les Œuvres complètes de Sally Mara. "On est toujours trop bon avec les femmes" parut en 1947 sous la signature de Sally Mara. Ce récit burlesque et un peu salace d'une insurrection irlandaise fut suivi d'un second ouvrage, en 1950, le Journal intime de Sally Mara.

Sally MARA. ON EST TOUJOURS TROP BON AVEC LES FEMMES. Éditions du Scorpion 1947

Raymond QUENEAU. ON EST TOUJOURS TROP BON AVEC LES FEMMES. Éditions Gallimard 1981

Sally MARA. JOURNAL INTIME. Éditions du Scorpion 1950


Mais les mystifications littéraires n'ayant qu'un temps, on publia très vite, en 1962, Les Œuvres complètes de Sally Mara sous la signature de Raymond Queneau.

Édition de 1979



Il est décédé le 25 octobre 1976 à Paris d’un cancer du poumon : le tabac avait une fois de plus pris son tribut.




Sally, de modeste famille, habite Dublin. Son père est parti un soir acheter des allumettes, il n'est jamais revenu. La mère prépare des harengs au gingembre et de la tarte aux algues. Le frère boit du ouisqui. Sa sœur Mary Mara veut devenir demoiselle des Postes. Sally apprend le français avec Michel Presle — son professeur — et le gaëlique avec un poète du nom de Padraic Baoghal. Le gaëlique est une langue difficile : « Is an deacair an teanga an Gaedhilig ... »
Il est clair à la lecture de cet ouvrage que Raymond Queneau fut un fesseur fervent, très conscient de la contribution de la fessée tant à la "spiritualité" de la gent féminine fessée qu'à celle de leurs fesseurs.
Je vous livre là quelques extraits du "Journal intime de Sally Mara"

Édition de 1979 (aussi!)

 
1934- 28 août

[…]
- Petite effrontée, s’écria le tonton, insulter ma sœur !
Il avait l’air vraiment indigné. Pourtant tout le monde sait que maman est plutôt débile du citron.
- Tiens biquette, m’ordonna le tonton.
Je pris le licol, et le tonton, prenant Mary sous son bras lui appliqua six claques sur le tutu. Puis il la laisse aller. Il va reprendre le licol. Mais il se ravise. Il saisit de nouveau ma sœur et lui dégèle de nouveau le bas des reins. Mary, libérée, reste en arrière. Elle boude. Elle a l’air toute chose. Le tonton qui a repris le licol, aussi. Je l’examine du coin de l’œil des pieds à la tête. Vers le milieu du corps, je constate que sa spiritualité se manifeste à tel point que, pour sûr, il pourrait s’en servir pour trique pour biquette. Qui bêle tout le temps et semble s’énerver. La ferme au bouc est au coin de la route. On marche en silence.
- Allons, dit enfin le tonton, fais pas cette tête-là, Mary.
Ça ne nous était pas arrivé, ni à l’une, ni à l’autre, depuis le départ de papa, il y a dix ans. Joël a bien quelquefois essayé, mais il était le moins fort et on lui foutait une bonne raclée à nous deux. Une vraie lavette, le frangin ! Mais je me souvenais bien de celles que me donnait le fazeur. Il était solennel et méthodique. Relever sa manche, baisser mon pantalon, me coucher sur ses genoux, tout ça prenait du temps. C’était une vraie messe pour lui, une communion. Et la vache, quel battoir il avait. Mais moi, je n’étais pas humiliée du tout. Punie encore moins. J’avais un grand sentiment de triomphe. Je trouvais que c’était lui qui s’abaissait en s’intéressant avec tant d’obstination à la partie de mon corps qui n’était pour moi que celle sur laquelle je m’asseyais. Je me considérais comme une reine, et lui n’était que l’esclave de mon derrière, une simple chaise à claques. Quand c’était terminé, je remettais mon pantalon sans un pleur (quelquefois si, tout de même, quand il m’avait fait trop mal), et je m’en allais, digne et satisfaite, car, après tout, j’aime avoir chaud aux fesses. […]



1935- 30 janvier

[…]
Quelques secondes plus tard, je me retrouvai donc sur les genoux de mon père, la jupe retroussée, le slip baissé, en train de recevoir une énergique fessée. Je commençai tout d’abord par réfléchir sur la vanité des choses de ce monde, les hauts et les bas de l’existence, la bonne et la mauvaise fortune, puis, la chaleur fondamentale aidant, j’en vins à penser à la reproduction des espèces végétales et animales, à la confection des vêtements d’homme en général et des brayettes en particulier, à la rosée des menhirs, à la barbe des boucs, à l’obscurité des salles de cinéma. Je commençai à délirer et, comme papa s’acharnait à rendre écarlate l’ample surface que j’avais l’honneur de mettre sous ses yeux, je sombrai dans une félicité singulière bien que j’essayasse de me raccrocher comme une bouée à ces paroles : « Tiens bon la rampe… Tiens bon la rampe… » 


1935- 3 février

Comme il ne peut rien faire avec moi, il est retombé sur Mary.
Il y avait du merlan à déjeuner. Mary a eu la fantaisie de mettre un peu de sel dessus (d’habitude nous mettons du sucre, à l’anglaise). Ça a mis papa en fureur, il s’est jeté sur elle et l’a sévèrement corrigée. J’ai regardé attentivement ; ce qui est le plus intéressant, c’est d’observer les changements de couleur de la peau. C’est curieux de voir comme un derrière qui est en général très blanc, presque opalin (je parle pour moi et pour Mary) peut devenir aussi écrevisse qu’une tomate. Ce qui est étrange aussi, c’est de voir la tête que fait la personne fessée. Elle en avait un drôle d’air, Mary. Je me demande si j’avais le même minois, l’autre jour, quand c’est moi qui y étais passée. […]



1935- 13 février

Profitant de mon absence, papa s’est jeté sur Mary parce que la veille elle avait mis trop de confiture sur sa truite, et il l’a tellement assaisonnée qu’elle peut à peine s’asseoir.
Elle enrage.


Raymond Queneau. Les Œuvres complètes de Sally Mara. Collection Blanche, Gallimard. 24-02-1962



"Je m’en allais, digne et satisfaite, car, après tout, j’aime avoir chaud aux fesses.", annonce l'héroïne.
Et vous mesdames, messieurs, connaissez-vous cette satisfaction après la fessée ? Aimez-vous avoir chaud aux fesses ? Trouvez-vous étrange la
tête que fait la personne fessée ? Ou intéressant les changements de couleur de la peau ?
Et surtout
sombrez-vous dans une félicité singulière pendant que vous recevez une bonne déculottée ? N'hésitez pas à témoigner !

11 commentaires:

  1. Oui Monsieur! Sa m’excite beaucoup d’être déculottée pour une bonne fessée, cul complètement nue, et puis avoir chaud aux fesses. Surtout quand c'est mon père dans mes fantasmes...

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    1. Julie, tu es incorrigible, mais pas incorrigeable ! Je te laisse décrypter ce jeu de mots en français qui à mon avis te convient tout à fait.
      Cela me fait plaisir de constater que l'idée d'avoir bien chaud aux fesses après une bonne déculottée t'excite. Je crois qu'avec toi j'aimerais bien jouer les papas, puisque ce serait forcément un jeu entre nous.
      Et tu me copieras 100 fois : "Le cul est un nom du genre masculin".

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    2. Je sais que c'est correct mais ça ne devrait pas être, C'est "ma cul nue" sûrement! ;-)

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  2. Et aussi dans « Les fleurs bleues » :

    — Eh eh, petite, ajouta-t-il à l’intention de la servante
    en lui tapotant la croupe, j’ai une fessée rentrée dans le
    creux de la main.
    — Merci bien ! j’en avons nulle envie.
    — Eh eh ! une main de duc…
    — Une main de vilain cochon, répliqua-t-elle en
    s’esquivant.

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    1. Bien vu, même si on ne s'en tient là qu'aux prémices, la suite étant hélas soigneusement esquivée par la servante.
      Sally Mara permet aux fesseurs intentionnels d'aller au bout de leurs ardeurs punitives, alors le choix s'imposait.
      Bravo j.stern !

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    2. Je me sens comme l'enfant idiot sur votre site!

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    3. Le rôle paternel que j'endosse quelquefois m'incite à t'obliger à relativiser les choses, julie. Nous naviguons dans l'univers de la culture littéraire européenne, ici du XXème siècle, univers dont une jeune Canadienne qui n'a pas spécialement étudié la question ne peut pas être spécialiste.
      Nous ne sommes d'ailleurs pas spécialistes non plus, mais en tant que Français ou Européens, cela peut faire partie de notre culture, culture qui s'enrichit de nos échanges.
      Mon conseil serait donc ne ne pas complexer, mais de profiter comme nous de ces échanges.
      Pour moi (je ne peux pas parler au nom d'autres personnes), je ne peux pas reprocher à quelqu'un de ne pas savoir, mais ce que je n'apprécie pas, c'est ne ne pas accepter d'apprendre. Donc si tu as envie d'apprendre et de communiquer, quitte à ce que ce soit en partie par le fessier, tu es pleinement bienvenue. :)

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    4. Cette petite pimbèche est sans doute d'avantage en âge de lire "House at the corner" by Enid Blyton.
      Ce qu'y dit tante Grace à propos de Pam lui conviendrait parfaitement :
      « Just a sulky, naughty little schoolgirl who wants a good lesson — and
      probably will get it! If she was ten years younger I would spank her bare naked ! "

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    5. I would spank her bare naked right now, even if she isn't ten years younger ! ;)

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